Témoignage d’un jeune étudiant qui dévoile ce qu’est la réussite

Dans un précédent article, Réussir dans la Vie est Possible Dès Maintenant, différents points sur la réussite ont été soulignés et que celle-ci vous appartient personnellement.

J’ai réalisé une interview auprès d’un ami, Léon M., étudiant en sociologie à Lyon, début octobre.

Cette interview n’avait pas pour vocation à être diffusée. L’objectif était de m’exercer au subtil exercice d’interviewer une personne qui a particulièrement bien réussie en racontant une expérience personnelle. D’un commun accord, nous avons décidé, Léon et moi, de rendre cette interview publique de part son enrichissement et d’autre part parce que nous l’avons trouvé très intéressante à partager.

En écoutant cette interview, vous allez découvrir sur la réussite :

  • Comment le cheminement est plus important que le résultat final,
  • Comment cet étudiant de 21 ans a fait face à 3 épreuves majeures,
  • Ce qu’il évitera de faire si c’était à refaire,
  • Quelle est la leçon de vie qu’il a apprise,
  • Et ce que cette expérience lui a apporté dans sa vie.

Ecoutez cette interview « Témoignage d’un jeune étudiant qui dévoile ce qu’est la réussite » :

Si vous souhaitez contacter personnellement, Léon M., utilisez le formulaire de contact et je lui ferai suivre votre message. Ou bien vous pouvez laisser un commentaire à la fin.

Ci-dessous la transcription écrite la plus fidèle de l’audio :

  • Bonjour Léon.
  • Bonjour Benoît.
  • Je te remercie dans un premier temps pour jouer le jeu de cet apprentissage. En quelques mots, tu as 21 ans.
  • Oui.
  • Tu es étudiant en licence.
  • Oui. Enfin, j’ai terminé ma licence. Et j’en ai commencé une autre.
  • T’as terminé ta licence. D’accord.
  • Parce que j’ai un peu honte de grandir. En fait c’est pour ça.
  • Tu as une licence de … ?
  • J’ai terminé une licence de Sociologie. Et j’en commence une de Sciences de l’Education. Je me fais royalement chier d’ailleurs en sciences de l’éducation [Depuis Léon a quitté la licence de Sciences de l’Education pour rejoindre un Master de Sociologie].
  • D’accord. Et tu vis la plupart du temps, en fait, à Lyon.
  • Oui.
  • Avec des attaches à Grenoble.
  • Exactement.
  • D’accord. Est-ce que… ça va bien sinon ?
  • Oui je me sens bien. Très bien.
  • D’accord.
  • Ton canapé est confortable.
  • Merci. Alors te souviens-tu d’une expérience personnelle que tu as particulièrement bien réussie ?
  • Oui, je vais, sur l’expérience du coup, je vais mettre plus l’accent sur, on va dire, un cheminement, un processus. L’arrivée est importante. Elle est très importante. Elle est hyper symbolique. Mais plus sur le cheminement et le processus qui pour moi est la réussite, que j’estime être une réussite personnelle. Ce processus là et ce cheminement, on va dire que c’est… c’est mes trois années de sociologie mais il ne faut pas le voir … Oui voilà, mais tout de suite si je dis ça, on va dire que c’est le diplôme qui est important. Alors que non. Vraiment ce qui est important, ça, enfin le diplôme comme je dis, il a une symbolique très importante. Mais ce qui a été très important pour moi et qui a été une réussite, c’est d’être arrivé à m’imprégner de qu’est-ce que c’était que des réflexions sociologiques, un langage, …, enfin voilà, tout ce domaine là, cet environnement, tout ce qui s’accompagne avec : des lectures, une manière de réfléchir, d’appréhender le réel. Et y compris en n’étant pas sociologique et en critiquant la sociologie d’ailleurs, c’est en étant pas enfermé. Bon voilà. Pour moi ce qui a été une réussite, ça a été de m’enrichir et de comprendre ce que l’on attendait de moi dans ma formation, et de jouer avec. Et de jouer avec, c’est-à-dire de faire mienne les attentes de mes professeurs, de l’institution, etc… Et de faire mienne ces choses là, et en même temps, en plus, de faire mien le savoir que l’on m’a enseigné en sociologie. Et y compris de l’élargir en allant vers la poésie, la philosophie, etc… Voilà pour moi ce qui a été une réussite, et si je devais synthétiser…
  • Oui en quelques mots.
  • Voilà. Si je devais synthétiser, ce qui a été une réussite, c’est d’être arrivé à m’enrichir de par ma formation et en sortant en même temps de ma formation. Enfin en m’appropriant ma formation.
  • En t’enrichissant de la formation, de tout le savoir que tu as acquis, des expériences que tu as vécu, du travail que t’as pu donner en échange au niveau des professeurs, de tes professeurs qui t’ont apporté également un enrichissement personnel, une connaissance. C’est bien ça ?
  • Oui. Après, je pourrai être très long sur ma relation professeur qui est particulière. Mais oui, oui c’est ça.
  • D’accord. Donc en fait ta réussite ce n’est pas simplement le diplôme mais ça a été tout le cheminement avant.
  • Oui. Alors par contre du coup, ce n’est pas que le diplôme, parce que moi, sur tout ce qui m’est arrivé pendant ces trois ans là : la première année, je suis sorti de mon bac. J’ai découvert la sociologie, ça a été du fanatisme pratiquement. Je ne faisais plus que ça. Enfin non, les deux premiers mois, j’ai fait la fête comme un « glandu » comme tout le monde quand on devient étudiant. Ensuite, j’ai trouvé cela génial. Je ne faisais plus que bosser, j’ai eu des notes hallucinantes. Ensuite, ça a été la grève. Et puis là, je vous ai connu avec toute la bande et c’était une autre très bonne expérience. Ca aurait été la deuxième réussite d’ailleurs. Si je devais dire une deuxième réussite c’est d’avoir réussi à intégrer un groupe et d’avoir collaboré à la construction de ce groupe. Ce qui… voilà, ce qui est important pour moi. Et, bref, et tu couperas au montage.
  • Je ne réponds pas parce que…
  • Tu couperas au montage [rires].
  • Ou je laisserai [rires].
  • Et après, en deuxième année, il y a eu le désenchantement, pas avec la dépression mais avec un état de déprime assez assez important. Et ça a été aussi en partie liée à la sociologie. Ce n’était pas que la sociologie mais il y avait une partie qui était liée à la sociologie. Une petite partie. Enfin voilà, il y a eu un nombre de passages. Ensuite il y a eu la troisième année avec un renouvellement parce que j’apprenais d’autres choses à Lyon. Voilà donc tout ce cheminement est jalonné par plein de choses. Et pour moi c’est une réussite au sens aussi où j’ai mûri. Et pour moi, j’ai mûri beaucoup plus que pour un mec qui a fait une école de commerce ou une école d’ingénieurs. Là-dessus, je suis très content de ça. Et donc…
  • De gagner en maturité et le fait d’avoir suivi ce…
  • Oui d’avoir suivi cet enseignement-là.
  • D’avoir suivi cet enseignement-là.
  • Et la manière dont je l’ai appréhendé. Et dont j’ai développé les ressources pour l’appréhender, je pense qu’effectivement cela m’a permis de gagner en maturité. Donc c’était pour répondre à ta question. Le processus effectivement est aussi important. Mais dans le processus, il y a une fin. Et cette fin là est très symbolique parce que c’est la fin où il m’arrive « couille sur couille ». C’est-à-dire que j’ai des malheurs amoureux avec une personne. Que derrière, je fais n’importe quoi pendant un ou deux mois pour compenser. Je sors en boîte. Je n’arrête pas de faire n’importe quoi. Je rentre bourré tous les week-ends. Et je mets deux/trois jours à m’en remettre à chaque fois. Et il m’arrive une « couille » de santé parce que je me fais agresser dans la rue. Et que du coup, alors que j’étais déjà dans la « merde », je le suis encore plus. Et que du coup, je vais passer un mois de plus à réviser. Je vais m’exiler en campagne pour finir mon mémoire que je n’arriverai jamais à finir. Donc j’aurai rendu quelque chose de complètement à l’ouest. Enfin bref.
  • Tout ça, ça t’es arrivé un peu moins de deux mois avant…
  • Oui deux/trois mois …
  • avant la fin…
  • de…
  • … de l’obtention réel de ton diplôme, quoi.
  • Oui voilà. Et avec, à la fin, des notes qui sont encore plus hautes que mon premier semestre. C’est-à-dire plus haute que la période où j’étais vraiment fanatique, pour moi, de la sociologie. Là, en gros en critiquant la sociologie, en critiquant l’enseignement que je recevais et en critiquant les ressources que l’on m’avait donné, j’ai fait un travail qui était construit et qui a plus à mes enseignants de sociologie. Alors qu’il m’arrivait « couille sur couille » depuis quelques mois. Et je pense que ces « couilles sur couilles », d’ailleurs, m’ont beaucoup aidé. Je veux dire avoir des problèmes d’amour, avoir des problèmes de…
  • de santé.
  • …de santé. Je pense que ça, ça a été très très important par rapport à, quel rapport, du coup, j’avais, quelle manière je pouvais relativiser et appréhender ce qui se passait en sociologie. Enfin, bref, je ne veux pas rentrer dans les détails. Mais, voilà, la fin a été très symbolique. Et les notes qui sont… Autant ce n’est pas parce que je vais avoir une mention extraordinaire, c’est juste parce que ces notes sont hallucinantes que la fin est vraiment symbolique. C’est parce qu’elles sont hallucinantes. Voilà, c’est tout. Je n’ai pas une note en-dessous de 15. Et j’ai 16,5 de moyenne au second semestre.
  • Ce qui est plus qu’honorable.
  • Voilà, moi, je trouve cela quand même pas mal, je sais qu’il y a des gens…
  • Dont tu peux en être très fier.
  • … voilà, je sais qu’il y a des gens qui ont 19 au bac. Bon ok. Mais moi mon petit 16 et demi, il me va très bien, voilà.
  • En licence, quand même.
  • Voilà en licence, mais moi ça me va très bien.
  • En licence de sociologie. Est-ce que je peux résumer, est-ce que je peux me permettre de résumer comme ça. En fait, tu as été, tu as donné le meilleur de toi dans l’adversité.
  • Ah ! Oui, alors après, en plus tu connais bien l’histoire. C’est que j’ai donné le meilleur de moi. Mais du coup, j’ai omis toute une partie qui était quand même de faire un retour sur ce qui m’était arrivé. C’est-à-dire sur mon agression. Et que, et que bon évidemment, j’avais des circonstances…
  • Un certain déni sur…
  • Voilà…
  • … les conséquences de ton agression.
  • Voilà et pas sur les conséquences physiques, car celles-là, de toute façon, je ne pouvais pas les nier parce que ce sont les conséquences, les conséquences que j’ai dû prendre immédiatement après mon agression. Mais sur toutes les conséquences psychiques. Voilà, ça m’est retombé dans la gueule quelques mois après. Donc je ne vois pas forcément cela comme quelque chose de positif, cette abnégation. Donc voilà parce que, un moment donné, j’ai eu besoin de mettre des œillères et de dire : « bon bah voilà, j’ai un boulot à rendre, j’ai des trucs à finir. Donc, il faut que je le fasse ». Et vraiment, j’ai tenu des délais qui étaient extrêmement difficiles à tenir à mon sens. Et ce n’est pas forcément honorable. Voilà. Je veux dire le mec qui s’écroule et qui dit : « bah non, psychiquement je ne suis pas bien là, il y a un truc qui s’est passé avec l’agression et je ne vais pas faire comme si tout allait parce que j’ai un truc à rendre ». Pour moi, il est tout à son honneur autant que moi. Voilà.
  • D’accord.
  • Et moi ça m’est retombé sur la gueule après. Bon. Cette formation là m’a donné les ressources pour arriver à retourner sur ce genre d’expériences. Mais le fait est que, que ce n’est pas forcément un honneur d’avoir été dans l’abnégation.
  • Disons que tu as mis de côté dans un tiroir de toi, de ton esprit…
  • Oui.
  • … les atteintes psychiques pour te consacrer totalement à la réussite de ta formation, et…
  • Oui. A la réussite de ma formation. Et à ce que j’aime, c’est-à-dire le savoir.
  • D’accord.
  • Le savoir théorique.
  • Et ce n’est sorti seulement après, après que l’intellectuel a pris sa part, quoi.
  • Voilà [rires].
  • On va dire ça comme ça. Si t’avais l’occasion de pouvoir revivre cette expérience, déjà, est-ce que tu la revivrais ?
  • Oui.
  • Qu’est-ce que tu ferais de mieux ?
  • De mieux…. Moi, je n’aime pas les gens qui disent qu’on doit vivre sans regrets. Je trouve cela débile. En même temps, je n’en ai pas beaucoup. Je crois même que je n’en ai pas. [Réflexion] De mieux… Ah oui… Non… Honnêtement. Attends, je réfléchis encore un peu.
  • Vas-y. Je te laisse le temps de réfléchir.
  • Il réfléchit en caressant mon chat.
  • [rires]. Qu’est-ce que je ferais de mieux ?
  • Tu as l’occasion de pouvoir revivre cette expérience.
  • Non. Non mais je la retrace du coup. Je la retrace. Je vois. Je suis très content du début. Je réfléchis mon état de déprime était indispensable. Ma période de déprime. Je suis même plutôt content de ce qu’il est en est sorti. Ca ce serait vraiment mais c’est à côté, tu vois. Ca serait sur les expériences amoureuses, à la limite. Mais je trouve que c’est un peu à côté.
  • D’accord.
  • Même si ça en fait partie, les expériences amoureuses que j’ai eu pendant ce temps-là. Oui, mais je ne le mettrai pas en avant. Tu vois. Je ne le mettrai pas en avant. Si, si j’ai un seul regret c’est de ne pas avoir convaincu mes deux camarades de formation à Grenoble, les deux « zigotos » …
  • Oui.
  • (parce que j’étais à Grenoble pendant les deux premières années et à Lyon pendant la troisième), c’est de ne pas avoir plus insisté pour qu’ils viennent avec moi à Lyon. Voilà.
  • D’accord.
  • Parce que c’est vrai que ça n’a pas été, toujours, super agréable d’être tout seul dans la ville de Lyon. J’aurai bien aimé être avec, avec ces deux « cocos ». Et oui, s’il y a un truc.
  • Qui étaient aussi en licence de…
  • En licence de sociologie. Et que j’ai connu par la licence de sociologie à Grenoble.
  • Oui.
  • Notamment, Kévin qui est, bon, une personne qui m’est très très chère. Et c’est vrai que j’aurai beaucoup aimé. Parce qu’on a vécu deux ans, où, on était tout le temps l’un sur l’autre. Voilà c’était : il y avait de l’émulation, etc… Et c’est des trucs, ces des trucs géniaux à vivre. Et c’est vrai que j’aurai bien continué dans ce truc là. Et ça, ça me manquait un peu.
  • D’accord. Et dans la même idée. Si, toujours, tu avais l’occasion de pouvoir revivre cette expérience, qu’est-ce que tu ne referais pas ou qu’est-ce que tu éviterais de faire ?
  • Alors là, je crois que je dirai tout de suite rien. Mais je vais re-réfléchir un peu. Qu’est-ce que j’éviterais de faire ? Si, si il y a des trucs que j’éviterais de faire. Du genre dire à, au premier semestre, première année, à mon prof de socio, un de mes profs, lui dire que je le trouve génial, qu’il est super. Alors que je suis complètement bourré et que je tiens à peine debout. Et qu’en fait c’est juste que ce mec là, me fait fantasmer [rires].
  • D’accord.
  • Ca je ne le referais pas. Tu vois [rires]. J’essayerai de me tenir un peu mieux. Qu’est-ce que je ne referais pas ? A part ça ?
  • Ou que tu éviterais de faire.
  • Oui. Je serai moins collant avec mes profs. Enfin, je pense à un autre. En troisième année à Lyon, en même temps, il m’a beaucoup apprécié pour ce que je faisais. Donc voilà, je serai peut-être à peine, à peine, plus distant. Voilà, mais c’est tout. C’est vraiment tout.
  • D’accord. Bah, pour résumer d’une certaine manière cette expérience, qu’est-ce…
  • Bah je l’ai déjà dit.
  • …qu’est-ce que cela t’a apporté ?
  • De la maturité, des ressources, donc des richesses. Enormément de savoir, énormément de matières pour pouvoir comprendre et appréhender ce qui se passe autour de moi et y compris pour pouvoir rêver, imaginer, d’autres choses. Voilà pour résumer.
  • D’accord. Ca t’a apporté de bonnes choses, de belles choses.
  • Oui.
  • D’accord. Bah je te remercie, hein, Léon.
  • C’est fini déjà [rires].
  • Pour ce retour d’expérience.
  • [rires].
  • Tout ça pour dire merci Léon pour cette… ce partage d’expérience. Et c’est une très belle expérience qui t’a beaucoup apporté. Et quant à moi, je vous dis à très bientôt pour une nouvelle interview… A bientôt.

Partager cette page Vivre Ici et Maintenant sur vos réseaux sociaux :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.